Introduction à l’Altruisme Efficace

Introduction à l’Altruisme Efficace

🌍 Qu’est-ce que l’Altruisme Efficace ?

L’Altruisme Efficace (AE) est à la fois une philosophie et un mouvement social qui utilise des preuves et un raisonnement logique pour identifier les manières les plus efficaces d’améliorer le monde — puis agit en conséquence.

Plutôt que de se contenter de demander : « Comment puis‑je aider ? », l’AE pose la question : « Comment puis‑je aider au maximum ? »

L’objectif est de maximiser l’impact — c’est‑à‑dire, faire le plus grand bien possible avec notre temps, notre argent et nos ressources.


🌱 Origines de l’Altruisme Efficace

Ce mouvement est né à la fin des années 2000 et au début des années 2010, à la croisée de la philosophie, de l’économie et de l’évaluation d’impact des ONG.

Figures et organisations majeures :

  • Peter Singer, philosophe moral, auteur de l’essai célèbre « Famine, Affliction and Morality » (1972), qui soutient que nous avons un devoir moral d’aider ceux dans le besoin, tant que cela ne nous coûte pas un bien de valeur équivalente.
  • Toby Ord et Will MacAskill, philosophes d’Oxford, fondateurs de Giving What We Can et du Centre for Effective Altruism.
  • Des organisations comme GiveWell et 80,000 Hours, qui ont introduit rigueur scientifique et outils pratiques pour mettre en œuvre l’AE.

🧠 Principes Centraux de l’AE

  1. Impartialité
    Toute vie a la même valeur morale — peu importe le lieu de vie ou l’origine. Sauver une vie à l’étranger est aussi important que sauver une personne proche.
  2. Hiérarchisation des causes
    Tous les problèmes ne sont pas aussi urgents ou résolvables. L’AE cherche à identifier des causes qui sont :
    • Importantes (impactant de nombreuses vies ou ayant de grosses conséquences)
    • Négligées (peu de moyens y sont consacrés)
    • Traîtables (on peut intervenir efficacement)
  3. Dons fondés sur des preuves
    L’AE recommande de soutenir des interventions dont les résultats sont prouvés, via essais contrôlés, analyses coût‑bénéfice et évaluation d’impact à long terme.
  4. Choix de carrière à impact
    L’AE ne concerne pas seulement les dons financiers — votre carrière peut également être un puissant levier. Il s’agit de se demander : « Quelle voie professionnelle me permet d’avoir le plus grand impact ? »
  5. Capacité à absorber des ressources
    Une ONG peut être efficace, mais si elle est déjà pleinement financée, il peut exister de meilleures utilisations pour de nouveaux dons. L’AE évalue si l’organisation a encore des besoins pour croître.

🔍 Exemples concrets d’AE

1. Santé et Développement Global

Des interventions très efficaces et peu coûteuses. GiveWell estime qu’on peut sauver une vie pour environ 5 000 USD.
Exemples :

  • Against Malaria Foundation – distribution de moustiquaires antipaludiques.
  • GiveDirectly – transferts d’argent directs aux personnes en situation extrême de pauvreté.
  • Deworm the World – traitement des enfants contre les vers nuisibles au développement cognitif.

2. Bien-être Animal

L’AE s’intéresse aussi aux animaux non humains, notamment dans les élevages industriels :

  • Campagnes pour réduire la souffrance animale
  • Soutien à la viande cultivée et aux alternatives végétales
  • Plaidoyer pour des lois protégeant les animaux

3. Futur de l’Humanité / Risques Existentialistes

Certains altruistes efficaces se concentrent sur la réduction de menaces globales catastrophiques, telles que :

  • Pandémies
  • Guerres nucléaires
  • Risques liés à l’intelligence artificielle
  • Changements climatiques

L’idée est de préserver non seulement les vies actuelles, mais aussi d’éventuelles milliards ou billions de vies futures.


4. Mémeta-Altruisme / Expansion du Mouvement

Des organisations œuvrent à faire croître l’AE lui-même, par exemple :

  • Former des chercheurs
  • Produire des contenus éducatifs
  • Traduire des matériaux dans de nouvelles langues
  • Offrir des programmes de leadership aux jeunes

🛠 Outils et Concepts de l’AE

  • QALY et DALY : indicateurs mesurant l’impact des interventions sanitaires (années de vie ajustées selon la qualité).
  • Valeur attendue : évaluer non seulement ce qui est probable, mais aussi ce qui pourrait se produire — essentiel en cas de risques rares mais graves.
  • Impact contrefactuel : se demander : « Que se serait-il passé si je n’avais rien fait ? » — cela évite les actions redondantes.
  • Incertitude morale : l’AE reconnaît que nos convictions peuvent être erronées, et mise sur diversification, humilité et raisonnement robuste.

💼 Carrières Alignées avec l’AE

L’ONG 80 000 Heures guide les jeunes vers des carrières à fort impact. Quelques pistes :

  • S’attaquer à des problèmes mondiaux prioritaires
  • Acquérir des compétences rares et utiles
  • Prendre des risques professionnels tôt dans la carrière
  • Influencer décideurs ou donateurs
  • Travailler et donner une partie de ses revenus (earn-to-give)

📣 Critiques fréquentes de l’AE

  1. Trop froid et technique : certains reprochent à l’AE de privilégier les chiffres au détriment des émotions, de la justice ou des relations humaines.
  2. Centré sur l’Occident : le mouvement provenant surtout de pays riches, des biais culturels sont souvent évoqués.
  3. Ignore les changements systémiques : certains reprochent à l’AE un focus excessif sur des solutions mesurables, au détriment des causes structurelles (inégalités, racisme, colonialisme).
  4. Pouvoir et représentativité : qui décide de ce qui est « efficace » ? Des voix s’interrogent : les communautés locales sont-elles réellement entendues ?

Réponse de l’AE : beaucoup au sein du mouvement reconnaissent ces critiques et œuvrent à rendre l’AE plus inclusif, équitable et culturellement sensible.


🤝 AE + Justice et Équité

Aujourd’hui, de nouvelles voix intègrent la justice sociale à l’AE — reconnaissant que « faire le bien » implique aussi écouter les communautés, respecter les cultures et partager le pouvoir de décision.

Des initiatives telles que votre programme African Equity & Altruism Program (AEAP) sont essentielles dans cette évolution — visant à adapter l’AE aux langues, réalités et priorités locales.

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